PREMIÈRE MOITIÉ DU XVIe SIÈCLE                    175
Enghien, Binche, Ath, Lille, Tournai et des autres cités franches, où le métier était réglé par les ordonnances.
L'édit entrait dans des détails techniques sur les matières em­ployées, soit pour la chaîne, soit pour la trame. Il renouvelait les prescriptions de l'ordonnance de 1528 au sujet de la double marque, l'une propre à la ville, l'autre au fabricant. Les peines les plus sévères étaient prononcées contre les. moindres contra­ventions. Un privilège exorbitant était établi au bénéfice des villes d'Anvers et de Berg-op-Zoom, dont les négociants étaient consti­tués, à l'exclusion de tous autres, seuls entrepositaires et courtiers de la vente des tapisseries.                                                    ,
Cette réglementation excessive et vexatoire devait avoir de funestes conséquences. Ses effets ne tardèrent pas à se faire sentir. Tandis qu'auparavant les habitants de la campagne occupaient les longs loisirs de la mauvaise saison en travaillant à des ouvrages com­mandés par les chefs d'atelier de la ville voisine, cette ressource leur fut désormais enlevée. On eut beau apporter dans la pratique quelques adoucissements aux rigueurs de l'interdiction, les résul­tats de l'ordonnance n'en furent pas moins désastreux.
Les persécutions causées par l'introduction de la Réforme dans les Pays-Bas achevèrent l'œuvre commencée par l'édit de 1544, et l'industrie naguère si florissante était profondément atteinte au moment de l'abdication de Charles-Quint.
Une ordonnance de 1563 « sur le fait du métier de tapisserie de haute lice, tapisserie et bourgetterie-", ajoute aux principaux centres de production énumérés dans l'édit de Charles-Quint les villes suivantes : Arras, Courtrai, Douai, Gand, Grammont, Lannoi, Orchies, Termonde, Valenciennes et Ypres. D'autres cités enfin sont indiquées dans des documents judiciaires de la mème époque comme possédant quelques métiers. Alexandre Pinchart a relevé les noms de Binche, Diest, Hal, Leembeck et Tirlemont. Empressons-nous de reconnaître que cette mention est à peu près tout ce qu'on sait de l'industrie de ces villes.
Avant de présenter le tableau des ateliers secondaires de la Flandre pendant la première moitié du xvie siècle, nous nous arrêterons aux œuvres les plus caractéristiques des tapissiers bruxellois. Sans doute les renseignements parvenus jusqu'à nous et publiés jusqu'ici sur les auteurs de ces admirables, tentures, l'orgueil et le plus riche ornement, des palais de Madrid, de Vienne